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Responsable de repérages


© Ulrich Lebeuf

« Tu sais comment on dit repéreur en anglais ? Location scout.
Scout… Je suis un éclaireur
. »

PHILIPPE PANGRAZZI, Responsable de repérages

On l’imagine ainsi, lampe au front, en avant-garde de la grande armée d’un film, s’avancer le premier dans des territoires à défricher. Quartiers de villes, cabanes en forêt, routes sinueuses en Bigorre ou rectilignes sur le Larzac, le repéreur souvent est seul. Il a commencé son travail à la table, par une étude du scénario, une compréhension des intentions des réalisateur.rice.s, et continue par une exploration sur internet. Google earth l’y aide bien.

Ensuite il se met en route, s’attable aux comptoirs, crée du lien, sonne aux portes. « Pour Zaï Zaï Zaï Zaï à Montpellier, j’ai fait le tour des quartiers qui m’intéressaient. Je cherchais une maison d’architecte des années 60. Je l’ai trouvée derrière la gare. J’ai sonné. J’ai expliqué. » Il faut du culot dans ce métier. « Et du sourire, de la patience et de la bienveillance, rajoute Philippe. Car ce sont les gens que je rencontre qui m’aident à trouver les décors. »

Quand il décrit des lieux précis, en ce moment par exemple pour le film Selon la police de Frédéric Videau, les mots sont précis, les briques sont « rouges », les montagnes sont « douces », et ses mains soulignent chaque détail. « J’aime ces moments-là, quand on cherche, quand on trouve : c’est plus fort que de lire ce qui a été écrit, imaginé dans le scénario. Lui, le décor, il existe ».

Un ami me dit qu’à la cinquantaine, les repéreurs sont des gens de grande culture. Par la connaissance des territoires explorés, ils sont allés bien au-delà. « Le décor est un véritable personnage » explique Philippe, qui doit en ressentir puis en définir l’âme. Des lieux qui, quelquefois, portent des charges. Ainsi cette maison des Vosges, pour le docu-fiction La Résistance de Christophe Nick et Felix Olivier produit par France 2. Trouvée par hasard, et devant servir de décor à une réunion de résistant.e.s, elle avait déjà tenu cet usage durant la guerre. « Pour ce tournage, les étoiles étaient toutes alignées. » Cela arrive.

Ce n’est pas toujours le cas. A ses débuts, Philippe se souvient d’avoir, en tant que régisseur adjoint sur un tournage, dû « gravir un Everest ». Ce fut instructif : « On apprend très vite la diplomatie, et à mettre à distance les émotions, à accepter les humeurs, les hiérarchies. Il faut un « savoir-être » à toute épreuve ». On se trouve payé en retour par des rencontres décisives. Philippe en cite quatre : le réalisateur Alain Guiraudie qui l’a bouleversé par la précision de son écriture et de ses intentions ; Delphine Comin, étudiante à l’ENSAV ; Xavier Legris, directeur de production et Arnaud Esterez, assistant réalisateur, qui l’ont conduit dans des productions vertigineuses : D’Artagnan de Peter Hyams ou Paris je t’aime aux réalisateurs multiples.

Comme régisseur, directeur de production, puis assistant réalisateur, il est passé de Hawaï à Buenos Aires, de Bangkok à la Sibérie…, tout en restant fidèle aux amis du cru, assistant réalisateur pour Entre les bras de Paul Lacoste ou pour Ni Dieu ni maître d’Eric Cherrière.

Grâce à la multiplication récente des tournages en région, il a recentré son activité sur les repérages. En 2019, il a travaillé sur trois long-métrages et deux téléfilms. Les cinq en Occitanie.

Philippe Pangrazzi entre en cinéma par la porte de la cinéphilie. Lycéen à Pierre-de-Fermat à Toulouse, les caissier.e.s du Rex et de l’ABC le voient trois fois par semaine. Après des études d’histoire, il fait l’Ecole Supérieure d’AudioVisuel de Toulouse. Désormais Philippe y enseigne. « Chacun a son trousseau de clés, j’aime bien l’idée de transmettre les miennes aux faiseurs de films de demain. »

Comment regarde-t-il les films aujourd’hui ? « Toujours avec la même fraîcheur je pense, mais avec une plus grande exigence. Je vois très vite quand il y a un manque de travail. »

Avec plus de cinquante films à son actif, quand Philippe parle de travail, il sait de quoi il parle.

 
 

5 dates qui ont marqué le parcours de Philippe Pangrazzi :

1967 : Naissance à Auch
1993 : Entrée à l’Ecole Supérieure d’AudioVisuel de Toulouse
1994 : Régisseur pour le court-métrage d’Alain Guiraudie Tout droit jusqu’au matin, prod. Grec
2004 : Tournage de Paris Je t’aime, film composé de 18 séquences réalisées par des cinéastes différents, dont Olivier Assayas, Gus Van Sant, Nobuhiro Suwa, Walter Salles, Joel et Ethan Coen, Alexander Payne, Sylvain Chomet…
2019 : Entrée comme professeur à l’Ecole Nationale Supérieure d’AudioVisuel à Toulouse

5 films qui ont marqué le parcours de Philippe Pangrazzi :

Régisseur adjoint pour D’Artagnan, long métrage de Peter Hyams, 2000, Caroussel Pictures
Second assistant réalisateur, Paris, Je t’aime, Long métrage, 2004, Victoires International Claudie Ossard
Responsable de repérages pour La Résistance, docu-fiction de Felix Olivier, 2007, prod. France 2
Premier assistant réalisateur pour Entre les bras, documentaire de Paul Lacoste, 2012, prod. LeLoKal Production/Everybody on Deck
Premier assistant réalisateur pour Jeune, documentaire de Christian Zerbib sur des jeunes descolarisés, 2013, prod. VeO2max

Son actualité :

Le Canal des secrets, téléfilm de Julien Zidi, prod. Septembre production / France 3, tournage dans l’Aude
Zaï Zaï Zaï Zaï, film de François Desegnat, prod. 24 25 films, tournage en Aveyron et dans l’Hérault
Selon La police, film de Frédéric Videau, prod. Bus films, tournage à Toulouse et ses environs
Presque de Bernard Campan et Alexandre Jollien, Pan Européenne, Montpellier et ses environs
Professorat à l’ENSAV