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Chef électricien et réalisateur


Léo Ponge, Chef électro, réalisateur. Photo: Ulrich Lebeuf / Myop

« Mettre des idées en lumière. »

LÉO PONGE, Chef électricien et réalisateur

 

 

La lumière de l’Océan atlantique frise sur les vignes des Landes. Adolescent, Léo Ponge tourne avec sa caméra super 8, embarque la famille dans ses fictions. Mais des vignes au cinéma, de l’alambic à la caméra, le chemin paraît long, improbable. Issu d’une famille de petits producteurs d’Armagnac, Léo donne des gages de sérieux et attaque ses études par un diplôme d’électronique. Mais le cinéma lui manque et il rejoint l’université de Bordeaux-III pour trois nouvelles années d’études. Président du ciné-club, il présente et apprend à projeter, en 35 mm notamment, quelques films fondateurs, L’Aurore de Murnau ou Andreï Roublev d’Andreï Tarkovski.

Il commence à travailler en parallèle sur des tournages. Une production réclame des stagiaires. Il aimerait bien à la réalisation. « Ils m’ont dit « calmez-vous, il reste des places en déco ». « J’ai donc participé à la construction des décors et on m’a proposé en suivant un poste d’accessoiriste sur le film. » Il s’agissait du premier de la trentaine de longs-métrages auxquels il participera par la suite : Léger tremblement du paysage de Philippe Fernandez. C’est là qu’il prend conscience de l’importance de la lumière qui va donner aux décors auxquels il a contribué « une toute autre dimension ».

Pour maîtriser ces techniques de la lumière et de la caméra, il passe le concours de l’Ecole – « publique » précise-t-il – Supérieure d’Audiovisuel (Esav) de Toulouse, tout en continuant à collaborer à des tournages en tant que décorateur ou, désormais, électricien. Sur un tournage, un chef opérateur lui conseille de commencer à s’équiper d’une « bijoute », boîte à bijoux/boîte à outils composée de divers éléments, réflecteurs, cadres de diffusion… pour sculpter la lumière. En dix ans, il va multiplier les tournages et passer de l’énergie de La bataille de Solférino de Justine Triet à la rigueur de Petit Paysan d’Hubert Charuel. Et de la pellicule au numérique.

Les mots-clés du métier sont en effet l’adaptation et l’anticipation. Les lumières se travaillent au préalable en collaboration étroite avec le.la chef.fe opérat.eur.rice. « On s’échange aussi en amont des documents, des tableaux, des photos, des extraits de films. Pendant le tournage, on va plus vite, il suffit de faire référence à cette imagerie commune – « Tu te souviens de ce clair-obscur dans les peintures du Caravage ? » – pour travailler plus efficacement au plateau » explique Léo. Il faut avoir une vision d’ensemble, travailler avec les autres corps de métiers pour éviter une ombre de perche par exemple. Et savoir s’adapter, donc. « Pour Petit Paysan, Swann Arlaud devait faire vêler une vache. Il fallait être prêt pour la circonstance, pré-installer les lumières sur un pupitre, prendre en compte le fait que cela pourrait être de jour ou de nuit, que cela pouvait arriver n’importe quand et être prêts en très peu de temps pour filmer cette scène. »

Un métier plus ou moins sportif aussi. Quelquefois plus que moins comme pour La loi de la jungle de Antonin Peretjatko, tourné en forêt amazonienne, où il fallait se faire la route au coupe-coupe pour installer des projecteurs.

Ces deux facultés lui servent sur ses propres tournages. « Le fait d’avoir cette vue d’ensemble, d’être au plus proche des comédien.ne.s, de connaître chacun des métiers fait que je maîtrise mieux le temps et je prends un vrai plaisir à être sur un plateau de cinéma. » A l’Ensav (alors Esav), il avait commencé à tourner ses premiers films. L’un d’entre eux, pris en charge en production par Laurine Pelassy pour Rectangle productions, deviendra un documentaire au grand air, une quête à la recherche d’un animal mythique, sorte de Yéti canadien, le Sasquatch.

Le grand air, c’est le souffle du cinéma de Léo Ponge. Installé dans le Tarn, il travaille à l’écriture de son premier long-métrage. « Le rapport à la nature est essentiel. Pour moi, c’est même un personnage. » Dans son court métrage de fiction Memoria, ce sont les Pyrénées ariégeoises qui incarnent le rôle aux côtés de Juliette Lamboley et François Chattot. Pour son futur film, il traversera ces Pyrénées pour filmer un village englouti, englouti comme la mémoire d’une des atrocités de la dictature franquiste, celle des bébés volés à leurs parents pour raisons « idéologiques ». Ce sera le thème de Alma.

5 dates qui ont marqué le parcours de Léo Ponge :

1983 : Naissance au cœur des Landes.
2006 : Arrivée dans la région Occitanie.
2009 : Diplômé de l’Ecole Supérieure d’Audiovisuel de Toulouse
2012 : Tournage de son premier film Au cœur de la forêt du Sasquatch au Canada, documentaire de 70 mn., Rectangle productions, diff. festivals, Planète Plus, TéléToulouse.
2017 : Tournage de Memoria dans les Pyrénées centrales, fiction, 28 mn., prod. Les films de la capitaine, diff. festivals, France Télévisions.

Films qui ont marqué le parcours de Léo Ponge :

Léger Tremblement du Paysage, de Philippe Fernandez, 2004, Ostinato production, construction de décors et accessoiriste, premier tournage de long métrage.
Hansel & Gretel, witch hunters de Tommy Wirkola, 2009, Paramount & MGM productions, best boy electric à Bordeaux.
La Bataille de Solférino, de Justine Triet, 2012, Ecce films, Chef électricien.
La Loi de la Jungle, d’Antonin Peretjatko, 2015, Rectangle productions, Chef électricien. Tournage en Guyane.
Petit Paysan d’Hubert Charuel, 2016, Domino Films, Chef électricien.

Son actualité :

Ecriture avec Arthur Cahn et développement de son premier long métrage de fiction : Alma.