LAURENT DESALEUX
« Dans mon camion, il y a des tiroirs remplis de stylos, de carnets, des caisses pour peindre, bricoler, patiner, des machines pour créer des effets, des étagères pour ranger. »
LAURENT DESALEUX, Accessoiriste de plateau
Graphiste publicitaire à Paris, l’idée de travailler dans « la déco » cheminait depuis un certain temps dans son esprit. Aucune école ne permet de devenir accessoiriste de plateau au cinéma et c’est après avoir saisi l’opportunité de seconder l’accessoiriste Jean-Louis Laher sur le tournage de Eau trouble en 1989 qu’il décide de changer de voie.
Il participe alors en qualité de stagiaire à plusieurs films et occupe différents postes à la déco afin de faire le choix de rester « à la face », pour l’adrénaline et l’ambiance du plateau. Peu à peu, il s’équipe : une caisse à outils, de la papeterie, des accessoires, bref, une « bijoute » ; un camion aménagé, et le voilà parti en autodidacte sur les routes.
L’intérêt de ce métier est multiple mais répond aussi à un caractère : l’accessoiriste de plateau est à l’aise partout, il investit des décors luxueux ou vétustes dans le respect des personnes avec lesquelles il collabore de façon plus ou moins longue selon les besoins pour maîtriser un lieu.
Sous la responsabilité du chef déco tout au long d’un projet, il a environ deux semaines de préparation pour un long métrage et une semaine pour un téléfilm. Il lit et relit le scénario pour réaliser son dépouillement séquence par séquence en relevant les accessoires de jeu et les éventuels effets. Il rassemble ensuite les séquences dépouillées en fonction du plan de travail établi. Avant le tournage, il participe à des lectures avec l’équipe « mise en scène » qui lui permettent d’avoir une idée précise de la nature des accessoires et de la manipulation qui en sera faite. Au terme de la préparation, une présentation des accessoires est organisée en présence du chef déco, du réalisateur et de son assistant. Une fois validés, ils sont soigneusement identifiés, rangés pour être mis à disposition des comédiens au moment approprié du tournage.
Seul représentant de l’équipe déco pendant le tournage, il est garant du décor sur le plateau : au gré des changements d’axe caméra et au milieu de nombreux techniciens, il a pour objectif de rendre en permanence un décor parfait. Cela implique un important travail de manutention et une collaboration étroite avec tous les corps de métiers présents : la lumière pour un reflet disgracieux, la machinerie pour dégager un espace, la scripte pour les raccords, le son pour faciliter le travail du perchman, le cadre pour composer une image… et bien sûr, la mise en scène et les comédiens, à qui, une fois le décor agencé, il met à disposition les accessoires de jeu afin qu’ils puissent les utiliser, répéter puis tourner.
Avec le régisseur extérieur, il veille à ce qu’aucun accessoire ne manque pour les séquences à venir. Il doit aussi être capable de réaliser quelques effets spéciaux : fumée, feu, sang, raccords pluie… Grâce à sa connaissance des accessoires ajoutée à sa présence sur le plateau, l’accessoiriste peut parfois proposer son regard artistique au metteur en scène. Néanmoins, son métier est avant tout de défendre les idées du chef déco, à qui il se réfère en cas de difficulté, et de servir au mieux le réalisateur et les comédiens.
Membre de l’AFAP*1, Laurent Desaleux est soucieux des questions de transmission, de partage et de solidarité dans son métier. Après de longues années à Paris, il est depuis dix ans installé en Lozère et à Montpellier avec sa famille. C’est pour elle qu’il a fait certains choix et quelques sacrifices dans sa carrière. Heureux d’avoir pour lieu de travail de beaux paysages, il a récemment pu considérer, sur le tournage de Vie Sauvage de Cédric Khan entre la Lozère et Carcassonne, à quel point il aimait son métier et quel plaisir il a à travailler dans ces magnifiques extérieurs que sont ceux du Languedoc Roussillon.
*1 Association Française des Accessoiristes de Plateau
5 dates qui ont marqué le parcours de Laurent Desaleux :
Année de naissance : 1964
Formation ou rencontre la plus significative : 1989 – rencontre avec Jean-Louis Laher accessoiriste de plateau.
Arrivée en région : 2005
Premier film sur lequel tu as travaillé pour le cinéma ou premier téléfilm de fiction : 1989 – Eau trouble, film pour la télévision d’hamster production.
Date de ton choix par rapport à un événement intéressant qui te tient à cœur : 1991 – Les Amants du Pont-Neuf de Leos Carax.
Films qui ont marqué le parcours de Laurent Desaleux :
Eros thérapie de Danièle Dubroux, 2002
Changing Climate de Marion Milne, 2007
A 10 minutes de la plage de Stéphane Kappes, tourné en partie au Grau du roi, 2009
J’ai peur d’oublier de Elisabeth Rappeneau, tourné à Nîmes et Uzès, 2011
Vie sauvage de Cédric Kahn, tourné en Lozère, à Carcassonne et Nimes, 2014
Son actualité :
Bébés volés d’Alain Berliner, tourné à Nîmes et alentours, 2015
Tuer un Homme de Isabelle Czajka, tourné à Clermont l’Hérault et Montpellier, 2016
Candice Renoir de Sylvie Ayme, 2016