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Comédienne


Mathilde Dromard Comédienne. Photo: Ulrich Lebeuf / Myop

« Etre comédien.ne, cela s’entretient. »

MATHILDE DROMARD, Comédienne

 

 

Elle a vingt ans quand elle part en Espagne y apprendre le flamenco et la langue de Castille. De son Jura natal, l’envie de jouer, danser, chanter la tient depuis l’enfance. Mais elle n’est pas bien sûre à la sortie de ses trois années d’option théâtre au lycée de pouvoir en faire un métier. Elle s’inscrit en Arts Appliqués et se rend compte qu’elle ne va pas pouvoir se résoudre à enchaîner derrière un écran ce corps qui demande du mouvement.

Alors elle prend le large à Grenade à la découverte de cette identité culturelle flamenca. A son retour elle s’inscrit au Conservatoire d’Avignon dont elle sait qu’il enseigne toute la polyvalence du jeu d’acteur. A la sortie, elle fonde sa compagnie avec Sophie Rossano, la « Compagnie du i » : « J’étais jeune ! Si j’avais su avant que c’était comme de monter une entreprise, j’aurais peut-être réfléchi un peu plus ! Mais le désir de jouer, de se mettre en scène soi-même l’a emporté. » Depuis une représentation en classe de seconde, elle sait qu’il y a un clown en elle à réveiller. « Je jouais le rôle d’une secrétaire, je n’avais pas beaucoup de textes, alors j’ai travaillé le personnage, par le costume, les accessoires… Il y a eu beaucoup de rires dans le public et j’ai vraiment aimé cela ! ».

Pour Poly, de Nicolas Vanier, c’est aussi par le costume qu’elle va entrer dans le personnage de Colette, boulangère du village, avec ses tabliers fleuris, une perruque imposante. « On est dans les années 60, une période de glissement. Colette voudrait s’émanciper mais est encore tenue par le pouvoir du mari. Son amitié avec une femme divorcée fraîchement débarquée de Paris dans ce village du Sud de la France va l’aider en cela. »

Entrer dans un personnage au cinéma, cela demande de la préparation en amont pour aller au plus vite pendant le tournage. « C’est toute la différence avec le théâtre où on va travailler longtemps en répétitions, apprendre à se connaître, tendu.e.s vers le moment de la représentation qui est à chaque fois unique. Au cinéma, souvent, on ne rencontre les réalisat.eur.rice.s qu’au dernier moment, et ses partenaires de jeu au maquillage. »

A partir de 2011, profitant du fait que les tournages sont de plus en plus nombreux dans le Sud, elle contacte les direct.eur.rice.s de casting et tourne dans des épisodes de Plus belle la vie à Marseille, devient une infirmière récurrente de Candice Renoir à Sète, joue une cliente de supermarché dans Zaï Zaï Zaï de François Desagnat à Montpellier ou une encadreuse dans Messe basse de Baptiste Drapeau à Bordeaux.
Et elle se forme, constamment. Comme elle a suivi des formations au clown, au flamenco, au chant, elle a aussi participé à des stages pour « apprivoiser les castings ». « Etre comédien.ne cela s’entretient. Rien n’est jamais gagné, il faut savoir se renouveler et savoir rester souple pour donner ce que l’on attend de nous. »

Cette souplesse c’est une attitude mais aussi une pratique du corps. Habitée par l’humanité de ses personnages, elle traque en eux leur authenticité dans les moindres gestes. Sa prochaine création parlera de ces lignées de femmes qui construisent leur propre cheminement, spectacle qui mêlera une fois encore chant, musique et jeu. Des rôles de femmes qu’elle voudrait également incarner au cinéma. Pas des jeunes premières ou de belles dames, mais la réalité de femmes attachantes, cruelles ou ridicules même parfois, truculentes souvent : « C’est tellement agréable à jouer ! »

 

5 dates qui ont marqué le parcours de Mathilde Dromard :

1999 : Option théâtre au lycée de Salins-les-Bains (Jura).
2005 : Une année à Grenade en Espagne à la découverte d’une culture identitaire, le flamenco.
2006 : Entrée au Conservatoire d’Avignon.
2010 : Création de sa compagnie théâtrale, la Compagnie du i.
2019 : Installation à Toulouse où elle est heureuse d’y trouver « une grande diversité de propositions artistiques ».


Films qui ont marqué le parcours de Mathilde Dromard :

Journal Intime de Nanni Moretti. Film découvert en classe de seconde. « Quand le délicat, le profond et le drôle se mêlent, je pense que cela m’a inspirée pour la suite. »
Hable con ella (Parle avec elle) de Pedro Almodovar. « J’adore Almodovar, son audace visuelle et sa subtilité de personnages, son humour. »
21 grammes de Alejandro Gonzalez Iñarritu. « J’aime la manière dont les récits s’entremêlent, ces histoires humaines qui se rencontrent en des endroits incongrus. »
La guerre est déclarée de Valérie Donzelli. « Et tous les films de Valérie Donzelli. Cette fraîcheur et cette apparente innocence, cette capacité à l’auto-dérision, cet air de « ne pas y toucher ». »
Poly de Nicolas Vanier. « Colette, un des rôles où je me suis le plus régalée ! »