Copyright © Occitanie films

Audiodescriptrice et réalisatrice de films documentaires


« Partir du particulier pour découvrir et ouvrir des univers. »

MARIE-CHRISTINE FOURNEAUX, Audiodescriptrice et réalisatrice de films documentaires

Si, depuis le décret de 2005 sur l’accessibilité à la culture, les déficient.e.s visuels ont accès à beaucoup plus de longs-métrages de fictions, si la pratique télévisuelle s’est peu à peu adaptée, le champ du documentaire est une friche que Marie-Christine a commencé à ensemencer en région.

Bénévole pour l’antenne montpelliéraine de l’association Valentin Haüy, elle y fut « donneuse de voix » pour lire des livres et enrichir une médiathèque qui, en 2007, est encore constituée de cassettes enregistrées sur magnétophone. Marie-Christine Fourneaux devient formatrice et développe la numérisation de ces lectures.

Elle découvre un univers jusqu’alors inconnu pour elle : « J’ai mesuré à ce moment-là que ce travail – qui ne représente pas un effort colossal – est un lien culturel essentiel pour les personnes atteintes de déficience visuelle. J’ai constaté également que leur attente d’être connectées à notre monde est très forte. » Travailler sur des documentaires produits en région lui semble être l’évidence.

Le premier film qu’elle audio-décrit sera un vrai défi. André et les martiens, de Philippe Espinasse, nous emmène à la rencontre de l’art brut. Audio-décrire les créations « abracadabrantesques » que l’on voit à l’image est une gageure qu’elle relève avec une certaine jubilation. « Cela demande de plonger dans l’univers d’un réalisateur, de s’imprégner du film, de s’attacher à son style. On n’audio-décrit jamais de la même manière, on s’adapte à chaque réalisation. » Cela va être une question de choix de vocabulaire et de liberté que l’on va accorder au spectat.eur.rice. « On ne doit pas imposer une sensation, on doit l’induire, l’accompagner. On ne va pas dire que le personnage est triste, on va décrire des larmes qui coulent. » Ce travail, de longue haleine – environ 5 minutes d’audio-description par jour -, nécessite de revoir plusieurs fois les séquences d’un film : « On repère tout d’abord les éléments indispensables à l’audio-description puis, par un minutage précis, les endroits où ils pourront intervenir. »

Lors d’une projection audio-décrite du dernier film de Marie-Christine, L’herbier, des pétales aux pixels, nous avons pu comprendre la finesse toute en dentelle que requiert la pratique. « Il fallait que ce soit sensoriel, poétique. On n’utilise pas de termes techniques, on ne dit pas qu’on fait un zoom macro sur un pistil, on va préférer parler de « plongée au cœur de la fleur ». » C’est aussi une question de temporalité à la seconde près, une attention très précise aux sons : « Il ne faut pas prendre, par la parole, la place de sons indicateurs d’actions pour des déficients visuels qui ont une ouïe beaucoup plus exercée. » Pour cela, il faut de la prévenance, de l’empathie et de la ténacité.

Ces compétences et cette manière d’être, Marie-Christine les tient notamment d’une pratique radiophonique sur diverses antennes de Radio France et de la Radio Télé Suisse Romande pendant plus de vingt ans. Une approche documentaire qu’elle va poursuivre en réalisant des films pour France 3. A l’essence de ce travail, il y a un constant goût des autres et la recherche d’une liberté de création au service de la découverte d’univers singuliers. Marie-Christine dit que ses séjours depuis l’enfance dans le Lot, près de Biars-sur-Cère, n’y sont pas pour rien. « Ces petits univers que l’on transporte avec soi, que souvent on ne regarde plus, bousculent nos idées reçues, nos certitudes. J’aime aller à leur rencontre, mettre en valeur ce qui pourrait sembler anecdotique et qui porte, pourtant, tellement d’humanité. »

 

5 dates qui ont marqué le parcours de Marie-Christine Fourneaux :

1980 : Lycéenne à Agde, elle participe à des fouilles archéologiques d’une nécropole de l’âge du bronze et se rêve archéologue en Egypte.
1983 : Maîtrise de lettres en théâtre contemporain consacrée à Beckett. Expérience de théâtre amateur et découverte d’un goût pour la dramaturgie, la scénographie.
1984 :  Pratique des radios libres (Radio Piment à Béziers) puis animatrice à la création de France Bleu Hérault sous la direction de Madeleine Attal et de Jean-Michel Mariou comme responsable à la programmation. Création d’émissions, animation, reportages, interviews, illustrations sonores, montages, directs depuis des événements culturels. Créations de séries pour les Ateliers de Création Radiophonique (ACR).
1987 : Poursuite des activités radiophoniques à la Radio-Télévision Suisse Romande, à France Inter, dans les locales de Radio-France.
1992 : Collaborations à des magazines TV (France 3, émissions « Alice » et « Aléas »).


Films qui ont marqué le parcours de 
Marie-Christine Fourneaux :

1995 : Portrait de Pascal Comelade pour le magazine européen « Alice », France 3.
2012 : Mozart et les échafaudages, sur la réfection de la cage de scène de l’Opéra-Comédie de Montpellier et la création des Noces de Figaro par Jean-Paul Scapitta, 52’, prod. et diffusion France 3.
2014 : Prendre l’aire, sur la vie d’une aire d’autoroute de l’A75 en Aveyron, 52’, prod. Pages et Images, diffusion France 3.
2020 : L’herbier, des pétales aux pixels, réalisation et audiodescription, sur l’herbier de l’Université de Montpellier, 52’, prod. Les films du Sud, diff. France 3.
2020 : Audiodescription de Les yeux bandés de Gérard Mailleau, sur l’équipe de cécifoot de Toulouse, 52’, prod. Xbo films, diff. Vià Occitanie.