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Marie-Pierre HAUWELLE


 

© Ulrich Leboeuf-MYOP

« J’ai du plaisir à raconter des histoires fabriquées main. »

Marie-Pierre HAUWELLE, Réalisatrice et technicienne du cinéma d’animation

Pendant l’entretien, une urgence à régler. Marie-Pierre s’excuse : « Je suis bénévole dans une association qui s’occupe de faune sauvage ». On remonte immédiatement vers l’enfance : « J’habitais en Alsace, près d’une forêt, j’ai une marraine ornithologue, amatrice certes mais d’un sacré niveau ! ». Et puis pas de télévision à la maison mais beaucoup de livres, un abonnement à La Hulotte et une sœur, Nathalie. Une sœur avec qui jouer et avec qui elle joue encore à se raconter des histoires.

Sa mère, institutrice, l’embarque au cinéma voir Wallace et Gromit. Elle a huit ou dix ans. « C’est fondateur. Je suis sortie en disant « je veux faire cela ». Quand on n’a pas de télé on s’occupe, on dessine, on fabrique des objets avec les mains. Mon père, qui travaillait chez Peugeot, pratiquait la céramique le week-end pour s’y consacrer entièrement à l’approche de la retraite. J’adore toujours bricoler et j’aime l’univers de Tomi Ungerer. J’ai emprunté si souvent son livre Clic clac à la médiathèque ! »

Lié à ce désir de conter des histoires, le cinéma d’animation est une évidence dont elle ne se convainc pas tout de suite. Etudiante aux Beaux-Arts de Toulouse, elle créée plutôt des livres car, dans cet univers-là, l’animation c’est enfantin et « pas bien sérieux ». Il lui faut faire le détour d’un Erasmus à Cracovie, dans le studio de Jerzy Kucia, un des maîtres de l’animation polonaise, pour découvrir que cette pratique lui convient parfaitement. « J’ai côtoyé de grands affichistes et réalisateurs qui travaillent de manière très artisanale, on fait beaucoup de choses à la main, on dessine, on bricole, on découpe… avec un véritable respect de cette tradition. »

A son retour, elle intègre l’école d’animation La Poudrière à Valence, rejoint le studio Folimage en tant que coloriste puis revient à Toulouse pour intégrer l’équipe de La Ménagerie, structure d’éducation à l’image à partir des techniques du cinéma d’animation. Dans son prolongement, Xbo films, société de production toulousaine, prend en charge le premier film de Marie-Pierre Hauwelle, La Boîte, histoire drôle et grinçante de nos peurs urbaines, réalisée en papier découpé. « J’aime ce côté volontairement naïf du papier découpé pour aborder des histoires qui partent de l’intime et qui peuvent toucher tout le monde, tous les publics. » En prenant soin de faire rire. « Oui, c’est important, cela permet de faire un pas de côté, de prendre du recul par rapport au récit. J’aime assister aux projections pour cela, entendre rire le public cela vaut tous les prix. » Même si des prix et des sélections, ce film en a remporté son lot.

A Toulouse, haut lieu désormais du cinéma d’animation en France, le travail ne manque pas et Marie-Pierre, en parallèle, y est première assistante réalisatrice. Elle a travaillé notamment pour la série Les Kiwis réalisée en stop-motion pour France 5 et co-produite par Xbo. « La réalisatrice Isabelle Duval étant à Paris, je m’occupe de toute la logistique, de gérer le plateau, de trouver des solutions techniques. Et de gérer le temps aussi ! » Ce qui lui permet de mieux anticiper ses réalisations à venir.

Son prochain projet, Pion.ne.s, trouve son inspiration dans ses deux ans de pionnicat dans un collège gersois. Elle avait alors consigné les multiples anecdotes qui nourrissent ces relations entre adultes et ados dans des carnets dessinés. Conçue par pastilles de deux minutes chacune, la série prendra la forme d’un dessin animé. Mais Marie-Pierre ne compte pas lâcher ses papiers découpés pour autant. Elle rentre d’une résidence d’écriture à La Poudrière pour développer un autre projet, ludo-éducatif, sur ce monde sauvage des animaux dans nos cités. « J’avais envie que ma nièce, qui vit en ville, connaisse cette faune sauvage urbaine. » Et avec elle, tous les autres de nos contemporains.

 

5 dates qui ont marqué le parcours de Marie-Pierre Hauwelle :

1983 : Naissance en Alsace.
2004/2005 : Erasmus aux Beaux-Arts de Cracovie, dans le studio de Jerzy Kucia, dans le cadre de ses études aux Beaux-Arts de Toulouse.
2007/2009 : Ecole du film d’animation La Poudrière à Valence.
2015 : Arrivée à Toulouse. Création du spectacle L’invisible demeure avec sa sœur comédienne et metteuse en scène Nathalie Hauwelle, fondatrice de la compagnie Groenland Paradise.
2019 : La Boîte, premier film de Marie-Pierre Hauwelle produit par Xbo films.


Films qui ont marqué le parcours de 
Marie-Pierre Hauwelle :

 Mémoires de chiffons, 2009, film de fin d’étude de Marie-Pierre Hauwelle à La Poudrière. « Une grande sœur s’en va et la petite reste… c’est un petit trauma quand on fait tout ensemble. »
Une vie de chat, 2010, de Alain Gagnol et Jean-Loup Felicioli, prod. Folimage. Premier travail en tant que technicienne coloriste.
Les Kiwis, depuis 2013, série de Isabelle Duval, prod. Double mètre animation et Xbo films. Première expérience en tant que première assistante à la réalisation.
Femmes and fame, série d’animation co-réalisée par Amandine Fredon et Rebecca Manzoni illustrée par Leslie Plée, prod. La Générale de production avec le soutien d’Arte et Sony Music. « Une histoire de la girl power et de la pop, en tube » telle que la décrit Rebecca Manzoni. Une série que cite volontiers Marie-Pierre « tout simplement parce que ça parle de l’histoire des femmes, que ce sont des portraits de femmes fortes. »
Wallace et Gromit, créé par Nick Park dans les années 80 pour le studio Aardman Animations. « Des personnages en pâte à modeler, c’était extraordinaire à voir ! Un film qui m’a donné « l’envie de faire » à mon tour. »